Accepter et refuser son destin : Le paradoxe du PhilopreneurDans la tête d’un Philopreneur #190
Chaque lundi à 16h30, je vous propose une réflexion et des conseils pratiques pour vous aider à vous extraire de la vie par défaut et mener une vie plus intentionnelle au XXIe siècle. Ce que j’appelle « une vie Philopreneur », offrant à celui empruntant son chemin d’aspirer à une vie avec plus de sens, de liberté et de sérénité. J’en profite pour souhaiter la bienvenue aux nouveaux abonnés. Vous pouvez consulter toutes les anciennes éditions ici. Bonjour à tous, Quelques nouvelles avant d’introduire le contenu de cette édition. Ce week-end, j’ai participé à ma deuxième compétition de courses à pied (10 km) sur Budapest après celle de mars dernier. L’objectif était de passer (enfin) sous cette barre des 45 minutes qui me résiste depuis quelque temps maintenant. Malheureusement, je n’ai pas encore assez de marge pour me permettre une quelconque défaillance en cours de course. J’ai fini avec un chronomètre de 46’05. Ma deuxième meilleure performance sur la distance après le 45’26 de mars dernier. Je reviendrai plus fort ! Mais pour le moment, je vais explorer une nouvelle activité sportive : la musculation que je vais pratiquer sérieusement pour la toute première fois de ma vie. Je profite, d’être entouré de personnes qui pratiquent depuis des années pour apprendre les bases puis je définirais un défi personnel quand j’aurai plus de visibilité sur mon niveau et la progression que j’aimerai avoir. On va essayer de se bâtir un corps d’Achille ! Ce nouveau challenge sportif va aussi m’aider à acquérir la puissance nécessaire pour être capable d’accélérer lors de mes 10 km et faire de cette chimère des 45 minutes, une histoire ancienne. D’ailleurs, vous pouvez suivre ces différents challenges ainsi que la documentation de l’écriture du livre en m’ajoutant sur Instagram.
Passons maintenant au sujet de l’édition du jour. La semaine dernière, j’ai publié la première partie du second principe du Philopreneur : Agir sur ce qui dépend de soi et accepter ce qui n’en dépend pas. Aujourd’hui je vous propose la deuxième partie :
C’est parti ! Accepter et refuser son destin : le paradoxe du PhilopreneurC’est tout l’enjeu de ce principe. Agir sur ce qui dépend de nous et accepter ce qui n’en dépend pas. Le philosophe Nietzsche a beaucoup à nous apprendre là-dessus. Avant de parler de ses idées, c’est sa vie qu’il faut étudier. Nietzsche a vécu une existence que personne n’envierait en termes de santé physique et mentale. Il dut quitter son emploi de professeur de philologie à Bale avant ses 30 ans à cause de diverses maladies handicapantes pour ne pas dire insupportables. Nietzsche va frôler la mort à plusieurs reprises et va devoir écrire ses livres durant les brefs interludes le laissant en capacité de penser et d’écrire. Concernant la maladie elle-même, Nietzsche a écrit ceci :
Nietzsche était un homme fort dans sa jeunesse, affaibli physiquement par la maladie, mais d’une vigueur et d’un courage intellectuel rarement atteint. Il fit des épreuves qu’il traversa, un moyen de comprendre l’impact qu’un corps malade peut avoir sur l’esprit. Pour lui, le corps et l’esprit sont intimement liés. Ce qui le poussa à marcher de longues heures chaque jour, à se mettre en mouvement tout au long de sa vie quand sa santé lui permettait. Et ainsi, produire des « idées valant la peine »
Combinons cette biographie du philosophe allemand à un de ses concepts phares : l’amor fati ou l’acceptation de son destin. Sa pensée est un grand « oui » à la vie et à l’existence tout entière. Loin d’être un fatalisme ou une résignation passive, « amor fati » invite à une acceptation joyeuse de ce qui est. En plus de l’accepter, Nietzsche à travers cette locution latine, incite à aimer ce destin, notre destin. Le philosophe allemand est donc le parfait représentant de notre principe #2 puisque :
À notre époque, nous aurions intérêt à nous inspirer de cette pensée paradoxale d’acceptation et de refus. Prenons un exemple contemporain allant dans le sens opposé à la pensée du philosophe allemand. Nous vivons à une époque où l’obésité (ou du moins le surpoids) devient la norme dans de nombreux pays. Rien d’étonnant quand il est plus simple d’acheter de la nourriture transformée de mauvaises qualités et que le coca-cola coûte moins cher que l’eau dans certains pays… Bref, nous sommes une génération en mauvaise santé physique. Le « business model » de notre société n’incite pas les individus à vivre en bonne santé. Dans le même temps, nous voyons deux visions du monde s’opposer à coups d’influences Instagram et de propagandes publicitaires :
Il me semble juste d’aider des hommes et des femmes à accepter leurs situations présentes, à ne pas les ostraciser ou les pointer du doigt à cause d’un physique non optimal pour la santé. Néanmoins, il est dangereux de conforter et d’encourager ces personnes dans leurs mauvaises habitudes alimentaires et/ou sportives. Être en surpoids n’est pas une bonne chose. L’obésité est une maladie. Nous avons vu les dégâts que pouvait entraîner ce type de pathologie pendant la pandémie. L’acceptation de son état présent ne doit pas être un prétexte de fuite en avant. Il doit donner la force à celui qui accepte sa situation présente, de la refuser comme étant inéluctable dans le futur. Il est juste d’encourager un monde où encouragent les individus à accepter ce qui est hors de leur sphère de contrôle. Mais politiser la santé en faisant passer l’obésité pour quelque chose de « sain » et d’acceptable est un indicateur d’une société malade n’ayant pas ses intérêts alignés avec ceux des individus la composant. Ce qui est tout à fait logique lorsque celle-ci dépend de la croissance et de la consommation toujours plus frénétique pour subsister. La santé est le cas d’école d’un pan de notre vie qui est partiellement en notre contrôle. Il est en partie de notre ressort de vivre d’une manière à être en bonne santé mentale et physique. Encore faut-il sortir d’une idéologie considérant comme « normal » le fait d’être en surpoids. Allons maintenant faire un tour du côté d’une des grandes batailles philosophiques concernant le destin : celle opposant le déterminisme et l’existentialisme. La bataille des déterministes et des existentialistesEn philosophie et dans le monde des idées, il y a un éternel débat entre conception de l’existence : une conception déterministe et une autre existentialiste. Le déterminisme est l’idée que tout effet à sa cause et que nous vivons dans une enchaînements infini de cause et effets prédéterminée. Ce qui laisserait entendre que nous avons un destin inéluctable, peu importent nos choix et nos actions. À l’opposé, l’approche existentialiste dont Jean Paul Sartre fut un des grands défenseurs peut se résumer avec sa célèbre citation « L’existence précède l’essence » laissant entendre que ce que nous faisons dépasse ce que nous sommes censés être (l’essence étant ce qui « est » et l’existence « ce qui est produit par l’action). Mais alors devons nous agir ou accepter notre destin ? Notre vie est-elle prédéterminée ou avons-nous un pouvoir d’autodétermination sur celle-ci ? Je n’ai pas de réponse définitive au risque de vous décevoir. Mais regardons ce qu’en pensaient les stoïciens. La philosophie stoïcienne et ses pratiquants croyaient au destin et avaient une approche déterministe de la vie de l’Homme comme étant une partie d’un tout, d’un destin cosmique. Mais le paradoxe, et la bonne nouvelle, est qu’ils n’étaient pas fatalistes sur leur capacité à agir et influer sur le (et leur) futur. L’auteur William Irvine nous invite à faire la distinction entre être fataliste envers le passé et fataliste face au futur dans son livre « A guide to the good life ».
C’est tout l’enjeu du principe #2, résumé ici avec cette vision stoïcienne du déterminisme et de la fatalité. Acceptons notre passé, agissons sur notre futur. Pour ce qui est du présent, le seul moment nous appartenant vraiment, nous devons à la fois accepter les événements qui se produisent tout en étant responsable de nos jugements, pensées, réactions. Un retour à la dichotomie du contrôle d’Epictete que vous connaissez bien dorénavant. Mais alors, maintenant que nous avons développé cette idée d’équilibre à trouver entre acceptation et refus de son destin. Qu’en est-il de notre capacité à agir, à exister tel que nous sommes ou tel que nous pourrions être ? Façonner son futur dans le présent tel un stoïcienAu moment où j’écris cette section, le tennisman Roger Federer vient de prendre sa retraite. La légende Suisse et son sport, ont beaucoup à nous apprendre sur l’approche que nous pouvons avoir avec nos intentions et objectifs. Lorsque Federer voulait frapper un coup droit « gagnant », visant à mettre hors de portée son adversaire, le suisse devait se comporter tel un stoïcien. Le passé ne devait pas compter, il devait oublier le score, la fatigue, le stress, l’enjeu etc. De même avec le futur qui ne doit pas interférer avec la situation présente : frapper son coup droit en pensant, à la conséquence future de celui-ci, est le meilleur moyen de le rater. Les joueurs de tennis se battent constamment avec eux-mêmes pour rester dans le moment présent. C’est pour cela qu’ils ont tous des routines plus ou moins « étranges » pour le néophyte. La raison est ce besoin de rentrer dans sa bulle, d’être dans le flow du moment présent, de réduire l’importance des enjeux en les banalisant via les rituels répétés des dizaines de milliers de fois au cours d’une carrière. Au tennis, le meilleur moyen d’obtenir le meilleur résultat futur (un coup réussi, une victoire etc) est de se focaliser sur le présent et sur ce qui est en notre contrôle : l’application de tout le nécessaire pour effectuer le meilleur coup droit possible. Mais en réalité, cela ne suffit pas. Pour frapper le meilleur coup droit à l’instant T, le tennisman est plongé dans un processus mêlant passé, présent et futur. Pour mieux le comprendre, prenons l’image de l’archet, exemple souvent utilisé par Epictete dans son école de philosophie. Pour atteindre sa cible, l’archer doit :
Si l’on revient à Federer, pour devenir ce joueur d’exception, il a donc dû :
C’est grâce à ce triple exercice temporel que l’on peut influer sur son destin. William Irvine qui essaya d’actualiser la pensée stoïcienne propose de transformer la dichotomie du contrôle d’Epictete en trichotomie du contrôle. Il fait une distinction concernant la partie – de la dichotomie du contrôle – dans laquelle nous n’avons pas le contrôle :
Dans cette deuxième catégorie, il faut distinguer ce que nous contrôlons et définir des objectifs internes. En effet, un objectif peut être interne ou externe. Quand Roger Federer joue un match de tennis, vouloir le remporter est un objectif externe. Il a un contrôle partiel sur cet objectif. En revanche, il peut avoir des objectifs internes pour ce match comme celui d’essayer de jouer avec une certaine tactique ou d’essayer un coup travaillé à l’entraînement pour mesurer son efficacité. Ayant moi-même joué au tennis en compétition dans mon adolescence, j’aurai aimé avoir en tête ce principe stoïcien. En effet, il m’est arrivé maintes fois de me concentrer sur l’objectif externe et le résultat final d’une action (ou d’un match) et d’en oublier ce sur quoi j’avais un véritable contrôle. Par ailleurs, ce qui est ironique, c’est qu’en pensant ainsi je réduisais bien souvent mes chances de succès car le stress de l’objectif externe impacter mes capacités (et ma progression). Pour finir sur cet exemple, lorsque Roger Federer frappe son coup droit, celui-ci est le fruit du processus mêlant passé, présent et futur. La trichotomie du contrôle et la distinction qui doit être faite entre objectif interne et externe. Une fois que la balle part de sa raquette, il n’a plus de contrôle sur l’issue de ce coup, mais il ne tient qu’à lui de maximiser les chances de réussite de celui-ci. Cet exemple tennistique est représentatif de ce que nous pouvons tous vivre dans nos vies personnelles et professionnelles. Nous devons tous prendre des décisions. Nous avons tous des projets, des objectifs, des intentions. Ce sont des idées que nous développerons dans le principe #3 : Définir et poursuivre sa mission personnelle. Conclusion : le lien avec la vie intentionnelleDans le principe précédent, nous avons vu en quoi il est important de suspendre et examiner sa vie à travers ses pensées et ses actions. Celui-ci nous permet d’avoir la capacité physique et mentale de faire un examen et un tri dans son existence. Et à mon sens, le tri fondamental que nous avons à faire dans nos vies (modernes) est celui que notre cher Epictete nous propose d’effectuer avec sa dichotomie du contrôle. Nous vivons à une époque où l’image est reine avec un culte du like, le désir d’être aimé et validé. Autant de choses bien souvent hors de notre contrôle. Qui peuvent nous rendre malheureux ou nous éloigner de la personne que nous aimerions (ou pourrions) vraiment devenir. Il est préférable de se concentrer sur ce qui dépend de nous ainsi que ce sur quoi nous pouvons (et parfois devons) agir. Mais aussi d’apprendre à décortiquer nos schémas de pensées pour éviter de sombrer dans des boucles de déprime ou de dépression. La vie intentionnelle ne peut se limiter à un potentiel comme Peter Pan. Elle n’est pas le berceau des illusions. De l’utopie du « tout est possible ». Le but de cette philosophie de vie est de s’ancrer dans le réel. Elle l’accepte et le refuse. En sachant distinguer ce qui doit aller dans chacune des deux catégories. Cette distinction est clé pour avancer sur le chemin de la vie intentionnelle.
Le plan d’action du principeRéflexions :
Actions :
Conclusion et récap’ du principe #2Dans ce principe, nous avons donc vu :
La semaine prochaine nous allons passer au 3e principe : Définir et poursuivre sa mission personnelle On va notamment revenir sur :
Comme pour les principes précédents, je vais décomposer l’essai en deux éditions pour rendre plus digeste vos lectures. Je m’arrête ici pour cette semaine. Donnez-moi votre avis sur l’édition ou venez me poser vos questions sur Linkedin ou par mail (en répondant à celui-ci). Passez une bonne semaine et à lundi prochain ! JCK from Budapest 🇭🇺 PS. : Si l’édition vous a plu, vous pouvez cliquer sur le petit ❤️ juste en dessous du titre de cet e-mail. C’est une autre façon d’encourager mon travail !
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