Macron face à ses oppositions | Djihadisme au Sahel | Un adulte sur quatre déficient auditif

132 civils ont été « froidement tués » lors d’attaques terroristes dans la nuit de samedi à dimanche dans le centre du Mali, ont annoncé hier soir les autorités maliennes. La junte au pouvoir accuse la Katiba Macina, affiliée à Al-Qaïda, d’être à l’origine de ces attaques. « La situation sécuritaire s’aggrave de mois en mois, sinon de semaine en semaine, au Mali, mais surtout au Burkina Faso », a expliqué Richard Moncrieff de l’ONG International Crisis Group aujourd’hui à Ouest-France [voir une carte de la région]. Début juin à Seytenga, dans le nord du Burkina Faso, 86 personnes ont été tuées par des « individus armés non identifiés », selon la junte au pouvoir dans ce pays. Le 13 juin, le gouvernement du Togo a décrété l’état d’urgence dans la région des Savanes (nord) à la suite de deux attaques terroristes en mai, qui ont fait huit morts parmi les soldats togolais et ont été revendiquées par le GSIM, une coalition djihadiste liée à Al-Qaïda.

Au Mali en 2020, comme au Burkina Faso en janvier, des militaires ont réalisé des coups d’État et ont justifié en partie ces prises de pouvoir par l’incapacité des gouvernements destitués à faire face au djihadisme. « Le terrorisme se nourrit de l’instabilité politique », a estimé le 13 juin Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, après l’attentat de Seytenga, au Burkina Faso. En octobre 2021, Emmanuel Macron avait critiqué le manque d’investissements publics dans ces régions : « Il faut que les projets se développent, sinon dès qu’on libère un territoire, les terroristes le reprennent puisqu’il n’y a pas de perspective. » Le retrait, annoncé en février, des troupes françaises du Mali « signifie une perte de capacités militaires » pour combattre les groupes terroristes, ont expliqué en mars dans The Conversation deux chercheurs du German Development Institute, un groupe de réflexion.

Plusieurs groupes djihadistes sont actifs au Sahel, parmi lesquels Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), une sous-branche d’Al-Qaïda créée en 2007, et le groupe État islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO), qui a prêté allégeance à Daech. L’armée française a annoncé avoir tué fin février au Mali Yahia Djouadi, un haut responsable d’Aqmi, permettant ainsi selon elle « d’affaiblir une nouvelle fois la gouvernance qaïdiste ». Dans le nord-est du Nigeria, le groupe terroriste Boko Haram a été fragilisé par une scission interne qui a donné naissance à l’EIAO, puis par la mort de son chef, Abubakar Shekau, l’an dernier. « L’État islamique en Afrique de l’Ouest a récupéré une bonne partie du territoire » qui était contrôlé par Boko Haram au Nigeria, a expliqué Vincent Foucher, chercheur au CNRS, à RFI en mars.