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Doses de science |
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Dans une méta-analyse américaine parue mardi dernier dans la revue Jama, des experts affirment, sur la base de 82 études, que les vitamines et les compléments alimentaires n’ont pas d’effet bénéfique pour la santé dans la plupart des cas. Si les vitamines et les fibres contenues dans les fruits et les légumes ont des bienfaits avérés, c’est parce qu’elles agissent probablement « en synergie » entre elles d’une manière qui ne peut pas être reproduite avec des micronutriments isolés, estiment les auteurs. Certains suppléments peuvent cependant être bénéfiques chez les personnes carencées ou enceintes.
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À travail égal, les femmes ont 13 % moins de chances d’être citées comme autrices d’une étude ou d’une découverte scientifique que les hommes, selon une étude américaine parue dans la revue Nature mercredi. Les chercheurs ont étudié la contribution des femmes et des hommes à presque 40 000 articles scientifiques et plus de 7 000 dépôts de brevet. L’écart entre les sexes dans l’attribution se retrouve dans presque tous les domaines scientifiques et à toutes les étapes de carrière. L’étude rappelle qu’être cité comme auteur n’est pas seulement une marque de reconnaissance, mais un moyen pour les chercheuses de se faire connaître et de faire évoluer leur carrière.
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Écouter un épisode du podcast « Grand Labo » sur les freins à la carrière des chercheuses. |
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En comparant les taux de vieillissement et la longévité de 52 espèces de tortues en zoo, des chercheurs danois ont montré que 75 % d’entre elles présentent une sénescence (dégradation biologique qui mène à la mort) très lente ou négligeable. « Le fait que certaines montrent une sénescence négligeable ne signifie pas qu’elles sont immortelles ; cela signifie seulement que leur risque de mort n’augmente pas avec l’âge », explique Fernando Colchero, l’un des chercheurs. L’étude de ces animaux permettra, selon les chercheurs, de mieux comprendre les processus du vieillissement. Les résultats ont été publiés dans la revue Science jeudi dernier.
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Lire un article du Blob, l’extra-média sur le sujet. |
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Les vaccins contre le Covid-19 ont permis d’éviter 19,8 millions de décès dans le monde au cours de l’année suivant leur mise en œuvre (entre le 8 décembre 2020 et le 8 décembre 2021), selon une étude de modélisation mathématique publiée jeudi dans The Lancet Infectious Diseases. La majorité des décès évités l’ont été dans des pays à revenu élevé, ce qui met en évidence les inégalités d’accès aux vaccins dans le monde. L’étude, qui s’appuie sur les données de 185 pays, est la première à évaluer à échelle mondiale les décès évités directement et indirectement grâce à la vaccination contre le Covid-19.
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À la loupe |
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L’énergie éolienne pour produire de l’électricité |
L’énergie éolienne exploite la force du vent pour générer de l’électricité. Il s’agit aujourd’hui de la seconde source d’électricité renouvelable la plus utilisée en France après l’hydroélectricité. Les éoliennes n’émettent pas de gaz à effet de serre durant leur fonctionnement. Mais l’énergie produite, qui dépend de l’intensité et de la régularité du vent, est intermittente.
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Le 10 juin, des éoliennes en mer (ou offshore) ont produit de l’électricité pour la première fois en France, a annoncé EDF Renouvelables, une filiale du producteur d’électricité. Le parc éolien concerné est situé au large de Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, à plus de 12 km des côtes. Ce parc, qui compte actuellement 27 éoliennes, doit en totaliser 80 d’ici la fin de l’année. À l’issue de son installation et de son raccordement complet, le parc aura une capacité annuelle de 480 mégawatts (MW), soit l’équivalent de la consommation domestique de 700 000 personnes, selon l’entreprise. Les éoliennes en mer produisent jusqu’à 60 % d’énergie en plus que les éoliennes terrestres grâce à des vents plus forts et réguliers en mer que sur terre, estime EDF sur son site. Au total, une dizaine de parcs éoliens en mer sont en développement en France, principalement au large de la Normandie, de la Bretagne et des Pays de la Loire, pour des mises en service prévues entre 2022 et 2029.
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Seconde source d’électricité renouvelable |
En 1888, Charles Brush, un inventeur américain, construit la première éolienne capable de produire de l’électricité. Composée de 144 pales en bois de cèdre et haute de 17 mètres, elle a une puissance de 12 kilowatts, soit environ 500 moins que les éoliennes en mer aujourd’hui installées à Saint-Nazaire. En 1891, Paul La Cour, un météorologue danois, améliore le dispositif après avoir découvert que les éoliennes possédant moins de pales étaient plus efficaces. Son modèle ne compte que quatre pales et peut fournir 25 kilowatts. Aujourd’hui, l’énergie éolienne est la seconde source d’électricité renouvelable la plus utilisée en France après l’hydroélectricité. En 2020, 7,9 % de l’électricité produite en France est issue de l’éolien, selon un rapport publié par Réseau de transport d’électricité (RTE), gestionnaire du transport d’électricité haute tension en France. À titre de comparaison, 67,1 % de l’électricité est issue du nucléaire.
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Faible émission de gaz à effet de serre |
L’énergie éolienne n’émet pas de gaz à effet de serre ou de polluants atmosphériques durant son fonctionnement, mais de manière indirecte lors de la construction des machines, de leur transport et de leur démantèlement. En France, le taux d’émission de CO2 est de l’ordre de 12,7 gCO2/kWh pour l’éolien terrestre et de 14,8 gCO2/kWh pour l’éolien en mer, rapporte l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), un établissement public. « Ces émissions sont faibles par rapport au taux d’émission moyen du mix électrique français qui est de 34 gCO2/kWh », précise l’Ademe. Une éolienne, dont la durée de vie est de 20 à 25 ans, est constituée à 90 % d’acier et de béton et à 3 % de cuivre et d’aluminium [PDF], qui sont recyclables à 100 %.
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Une énergie intermittente |
L’éolien est une énergie intermittente qui dépend de l’intensité et de la régularité du vent. Selon l’Ademe, les éoliennes produisent de l’électricité de 75 % à 95 % du temps. Néanmoins, une éolienne peut être en mouvement sans que la vitesse du vent suffise pour qu’elle atteigne sa pleine puissance. Le facteur de charge désigne le ratio entre l’énergie produite par une installation électrique sur une période donnée et celle qu’elle aurait pu produire sur une même période si elle avait fonctionné à sa pleine puissance. En France, le facteur de charge de l’éolien terrestre avoisine les 25 % et celui de l’éolien en mer les 40 %, contre 70 % pour le nucléaire (qui n’est pas de 100 % en raison d’un ajustement aux besoins lorsqu’ils sont plus faibles, des travaux de maintenance, des pannes ou des conditions météorologiques).
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Impact sur l’humain et la biodiversité |
En France, le Code de l’environnement impose que les éoliennes soient placées à au moins 500 mètres des habitations. À cette distance, le son émis par le souffle du vent dans les pales est inférieur à 35 décibels, soit moins qu’une conversation à voix basse. Les chauves-souris et les oiseaux sont les espèces les plus sensibles à l’implantation d’un parc éolien. En raison des collisions, les éoliennes sont responsables de 0,4 mort d’oiseaux par gigawattheure (GWh) d’électricité produit contre 5,2 morts pour les ressources fossiles, liées à la pollution qu’elles engendrent lors de l’extraction ou de la combustion des ressources, selon une étude parue en 2009 dans la revue Energy Policy. En mer, l’un des effets majeurs sur la biodiversité est l’effet récif. Des coquillages, des algues et des moules se fixent aux pieds des éoliennes, ce qui attire les prédateurs et bénéficie à toute la chaîne alimentaire. Néanmoins, le chantier d’installation du parc éolien, dont le niveau sonore est élevé, peut provoquer une perte d’audition des mammifères marins à proximité.
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C’est étonnant |
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Les acariens qui vivent sur notre visage ont un anus |
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Demodex vu au microscope. Crédit photo : Adobe Stock. |
Une étude internationale parue mardi dernier dans la revue Molecular Biology and Evolution prouve que contrairement à ce qu’on pensait, les acariens qui vivent dans les pores de la peau humaine, appelés Demodex, ont un anus. Jusqu’ici, les scientifiques pensaient que les déchets fécaux microscopiques de ces animaux d’environ 0,1 mm de long s’accumulaient à l’intérieur de leur corps et n’étaient libérés qu’au moment de leur mort, provoquant des maladies cutanées telles que la rosacée, qui se manifeste par des rougeurs sur le visage. En réalité, les acariens excrètent de la matière fécale tout au long de la vie. L’équipe a également découvert que ces acariens possèdent de moins en moins de gènes, survivant avec le strict minimum de cellules et de protéines nécessaires pour fonctionner. Ils ont par exemple perdu la capacité de résister à l’exposition aux rayons UV du Soleil, ce qui explique pourquoi ils s’enfoncent dans les pores de la peau et ne bougent que la nuit pour s’accoupler.
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Sur nos radars |
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Avez-vous déjà entendu parler du Vantablack ? Cette peinture inventée en 2012 et utilisée dans les domaines aérospatial et militaire est si noire qu’elle absorbe plus de 99,9 % de la lumière, à tel point que tout objet qui en est couvert apparaît à nos yeux comme un trou béant. L’ingénieur américain James Orgill nous montre dans une petite vidéo TikTok la disparition presque magique d’une pomme peinte en noire.
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En 2016, des chercheurs ont détecté pour la première fois une onde gravitationnelle. Elle correspond à une oscillation de la courbure de l’espace-temps générée par des phénomènes violents comme la fusion de deux trous noirs. Dans une très jolie BD sur Instagram, le physicien Julien Bobroff raconte comment le mouvement infinitésimal d’un miroir a permis d’établir la présence de cette onde.
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Dans une courte vidéo TikTok, le chimiste et vulgarisateur canadien connu sous le pseudonyme Nile Red ouvre une pile pour en révéler le contenu et réaliser une expérience dangereuse. Il en retire une bande métallique de lithium qu’il met dans l’eau… la réaction est pour le moins explosive. À ne pas reproduire chez soi !
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C’était il y a… 48 ans |
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La découverte de Lucy |
En 1974, le paléontologue français Yves Coppens, son collègue américain Donald Johanson et le géologue français Maurice Taïeb mettent au jour un fossile âgé de 3,2 millions d’années à Hadar, en Éthiopie. Ils déterminent qu’il s’agit des restes d’une jeune Australopithèque, une espèce éteinte bipède de la lignée humaine. Avec 52 os constituant environ 40 % de son squelette, ce fossile est l’un des plus complets jamais trouvé pour une période aussi ancienne. Les paléontologues l’ont surnommé Lucy, en hommage à la chanson des Beatles « Lucy in the Sky with Diamonds ». Yves Coppens est décédé mercredi dernier à l’âge de 87 ans.
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Restes retrouvés du squelette de Lucy. Crédit photo : Muséum national d’histoire naturelle de Paris. |
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C’est ici que votre pause scientifique de la semaine s’achève. On vous souhaite bon vent cette semaine.
Cette édition a été confectionnée par Morgane Guillet, Imène Hamchiche et Laurent Mauriac. Notre dossier principal a bénéficié de la relecture de Rodolphe Meyer, ancien chercheur et vidéaste scientifique.
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